Après une vie de navigation et autres transformations, nos bateaux méritent bien un extrême traitement dans des conditions privilégiées. S’il n’est plus question aujourd’hui de laisser à l’abandon nos navires, quelles sont les solutions de déconstruction, de réutilisation ou de recyclage offertes ?

Sur l’eau, les bateaux sont utiles et procurent de longues heures de plaisir et de détente. Trop petits, coûteux ou pour d’innombrables raisons (pas de place dans les ports ni sur les les terres-plein), nous pouvons être amenés à ne plus utiliser ce qui nous a tant servi un jour. C’est à ce moment que la question de l’avenir de nos unités se pose.

— Les fluides à recycler avant tout

Quelle que soit la solution retenue (déconstruction, conversion ou encore recyclage), une priorité doit demeurer, c’est celle de l’élimination des fluides polluants ou potentiellement polluants à bord de nos bateaux. À voile comme à moteur, ils contiennent une quantité remarquable de polluants potentiels :

  • Liquide de refroidissement du moteur
  • Fusées de détresse
  • Huile moteur
  • Gaz du réfrigérateur
  • Liquide de fond de cale
  • Carburant
  • Huiles des vérins hydrauliques

La plupart de ces fluides ne doivent pas être mélangés les uns aux autres, car ils nécessitent un traitement spécifique, que le mélange empêchera.

D’évidence, ces fluides ne seront libérés ni à la mer ni à terre. Il faudra faire appel à une entreprise spécialisée dans leur récupération et dans le retraitement de ces liquides. Et il faut que cette entreprise soit habilitée à le faire dans de bonnes conditions.

— Les voiles et les textiles

Bouts, coussins, voiles, sièges… Beaucoup de textiles à bord des bateaux, souvent en relativement bon état et réutilisables. Plutôt que de les jeter, pourquoi ne pas les proposer à des associations de couture, des créateurs ou, encore, contacter les structures d’insertion (le relais par exemple) qui se chargent du recyclage des vêtements. Là où vous ne voyez que de vieux rideaux sans âme, ces structures voient des couvertures, des vêtements en polaire ou encore garniture de vêtements. Et avec ces créations, des dizaines d’emplois sont créés !

Ne brûlez en aucun cas ces textiles. Ce serait certes une solution pour les faire disparaître. Encore plus, ce serait prendre un risque majeur pour l’environnement en générant des fumées polluantes. En effet, nos textiles sont généralement traités anti-moisissure, anti-tâches ou, avec des retardants d’incendie. En brûlant, tous ces composés seront relâchés dans la nature. Et vous vous exposez à des poursuites judiciaires, contre lesquelles votre assureur ne vous couvrira pas. Pas plus, d’ailleurs, qu’il ne couvrira les dégâts que vous pourriez occasionner avec un incendie par négligence si le feu que vous démarrez venait à être incontrôlable !

— Superstructure, du plastique, du métal et parfois du bois

Le marché des bateaux en plastique est dominant aujourd’hui. Par plastique, il faut entendre l’ensemble des sous-produits pétroliers. Nous ne passerons pas en revue l’ensemble de ces composés, mais ils sont tous, sans exception, polluants et à ne pas abandonner dans la nature.

L’option la meilleure demeure la réutilisation du bateau sans le déconstruire. Vous pouvez contacter une association qui lutte contre le mal-logement (fondation abbé pierre, Samu social …) et proposer votre bateau pour qu’il soit utilisé comme abri ou comme logement. Ne soyez pas étonné d’obtenir un accueil surpris, cette tendance – qui nous vient des pays du Nord – est très peu exploitée en France. Alors qu’il suffit de fixer un bateau à terre et de le caler convenablement pour qu’il se transforme instantanément en habitat fiable et peu coûteux. C’est, par exemple, ce que fait l’entreprise Bathô, installée à Rezé (Loire Atlantique) en convertissant ces bateaux en hébergements d’urgence, notamment.

Autre idée de réutilisation, si vous avez de la place sur votre terrain, un hébergement temporaire. Les offres de lieux de séjour de durée réduite (Airbnb, abritel …) adorent les hébergements alternatifs. Bien aménagé et décoré, votre bateau pourrait sans trop de difficulté trouver une nouvelle vie et devenir un douillet nid pour les week-ends de citadins en mal de mer. Pensez, si vous vous lancez dans une telle opération, à déclarer cette transformation auprès de votre compagnie d’assurance habitation et à examiner quelles sont les règles – notamment urbaines et fiscales – en vigueur.

Les bois (barre franche, planchers, safran …) présents à bord de nos bateaux peuvent présenter un intérêt, eux aussi, à des organismes de formation. Contactez les CFA, les GRETA ou tout autre organisme de formation, ils sauront vous fournir une réponse et pourraient être intéressés par le bois présent à bord de votre bateau. À vous, sans doute, de le déposer et l’apporter auprès de cet organisme, c’est sans doute préférable à un voyage à la déchetterie !

— Lorsque la déconstruction représente l’unique alternative

Si la déconstruction du bateau demeure la solution unique envisageable pour votre unité, l’APER* (association pour la Plaisance Eco-Responsable), créée à l’initiative de la Fédération des Industries Nautiques (FIN). Avec l’APER, la FIN crée une filière de déconstruction, de valorisation et de recyclage des bateaux à voile comme à moteur qui mesurent entre 5 et 24 mètres, immatriculés en France. Dans le cadre de cette démarche, l’organisme prend en charge l’intégralité de la procédure, depuis la prise en charge du bateau sur un des points de recyclage jusqu’à la fourniture des certifications de destruction ou de recyclage. Les démarches administratives de désimmatriculation sont, elles aussi, réalisées par l’éco-organisme.https://www.recyclermonbateau.fr/l-aper-association-pour-la-plaisance-eco-responsable/

L’APER ne prend pas en charge la partie sortie de l’eau du bateau, pas plus que son transport depuis le terre-plein jusqu’à un site de recyclage qui demeurent à la charge du propriétaire. Dans tous les cas, ce recyclage est toujours préférable à l’abandon d’un bateau qui sera rapidement un déchet bien polluant !